L'ennui n'a pas bonne réputation dans l'entreprise. Il est souvent associé au manque de concentration, au mieux, ou à un manque de productivité de la responsabilité de celui qui l'expérimente . Mais l'ennui, s'il n'est pas repéré et entendu, peut avoir des conséquences néfastes sur les performances intellectuelles et la santé mentale. L'intelligence émotionnelle apporte des éléments de compréhension quant à l’ennui, pour l'identifier chez soi et chez l’autre, et prévenir les risques de stress associés.
Un sondage commandé par Elevo et réalisé par OpinionWay en décembre 2021 indiquait que neuf Français sur dix pensent que l'on s'ennuie au travail. Dans un autre sondage de février 2019 effectué par l’agence intérim QAPA, 73% personnes interrogées déclaraient s’ennuyer encore plus en télétravail.
L’ennui, c'est une émotion
L’ennui est souvent considéré comme une flânerie relevant de la responsabilité du salarié qui s’ennuie. Cette considération est inexacte. L’ennui est une émotion donc un état transitoire. Ni positive ni négative, elle fait partie de ces émotions désagréables à vivre. Comme toutes les émotions désagréables, celle-ci nous avertit qu’une situation mérite notre attention, nous invitant à agir. D'autant que, comme toute émotion, elle est contagieuse...
Que dit l’ennui ?
Sur l’échelle émotionnelle, l’ennui est un « grand »… dégoût. Dans le cas d’un plat avarié, l’on comprend assez facilement l’utilité et l’enseignement du dégoût : « ALERTE ! Alimentation néfaste pour mon organisme ! Vite s’éloigner » . Et ce qui est vrai pour le plat à l’échelle du dégout, l’est plus encore à l’échelle de l’ennui pour une situation, une personne : il est important de la mettre à distance.
Quelle en est la cause
L’ennui nait de la perception d’une impossibilité de vivre pleinement une situation. Le déclencheur à l’origine de cet état émotionnel sont multiples, comme le relève le sondage mené par Elevo et réalisé par OpinionWay (cf. graphique).
Plus délicat encore, la notion d’intérêt, de quantité de travail, de qualification requises pouvant être source d’ennui, restent subjectives et varient d’un individu à l’autre.
Quelles conséquences ?
Occulter ou méconnaitre le message dont l’ennui est porteur, c’est un peu comme poser sa main sur une plaque chauffante dont on augmenterait petit à petit la température, et nier la sensation de chaleur croissante, le risque de brulure ou sa réalité. Petit à petit, comme toute émotion négative qui n’est pas prise en compte, cet état émotionnel aversif va s’installer. Et la difficulté alors, c’est que l’individu veut, mais ne peut pas, s'engager dans une activité satisfaisante. Il ressent aussi des difficultés de concentration rendant plus difficile encore la possibilité de sortir de cet état laissant place à un sentiment d’impuissance apprise. L’ennui fait ainsi place à un stress dommageable qui peut aller de l’insatisfaction, à des tensions professionnelles, aux comportements non productifs voire contre-productifs, voire aboutir au « bore out ».
Repérer et alerter
Reconnaitre, chez soi et l’autre cet état émotionnel est essentiel pour anticiper le risque de stress. Dans un contexte de télétravail massif et contraint, l’enjeu est double : si le manager devient un maillon essentiel pour le repérer et alerter, il peut lui aussi se retrouver dans une posture délicate.
L’intelligence émotionnelle n’est pas innée, elle s’apprend et se développe.
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- Test et bilan d'intelligence émotionnelle en situation professionnelle : marie-jeanne.gouraud@progrescime.fr
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