L'agilité est sur toutes les lèvres dans l'entreprise : c'est la soft skill de sa performance. On comprend que l’adaptabilité au sein des organisations soit considérée comme essentielle au regard des changements d'envergure qu'elles traversent. Et dans le même temps, les acteurs du monde de l'entreprise se contractent (montée du stress et du désengagement, perte de sens...) Un constat qui impacte ses enjeux économiques et son engagement social.
Comment intégrer cette compétence comportementale et la faire sienne ? Apprend on réellement l’agilité ? La développe-t-on ? Une réponse est inspirée de la pratique sportive - de haut niveaux et amateur.
L'agilité, LA compétence comportementale professionnelle
Au-delà de l’instabilité de son environnement -règlementaire, digital, enjeux climatiques, économiques... l'entreprise, quelle que soit sa taille, est un écosystème instable par nature puisque fait d'interactions humaines ; la complexité de l’équation augmentant avec le nombre d’interactions possibles. Cette instabilité oblige à une adaptation constante des acteurs de l’entreprise : d’individus à individus, d’individus au sein de l’équipe, et d’équipe à équipe...Très "pesant" quand on n'y est pas préparer, voire source d’un stress qui devient chronique parce qu’alimenté en continu, comme un lent goute à goute.
On comprend que l’agilité, l’adaptabilité professionnelle, soit considérée comme l’une des soft skills essentielles pour évoluer plus sereinement au sein des organisations. Développer cette compétence, c’est répondre à la fois aux enjeux économiques de l’entreprise mais aussi, et surtout, à son engagement social : préserver la santé mentale de ses salariés et prévenir les situations de stress au travail.
Comment intégrer cette compétence comportementale et la faire sienne ? Apprend on réellement l’agilité ? La développe-t-on ? Une réponse est inspirée de la pratique sportive - de haut niveaux et amateur.
La connaissance de soi : pilier de l’agilité
Nos comportements sont induits par nos perceptions et nos sentiment (1), qui s'inscrivent dans le corps : en prendre conscience, nous permet de les questionner et de choisir d’agir -ou pas- pour les faire évoluer. C’est ce que fait un sportif dans sa pratique : dans le cadre de son entrainement, ses perceptions et sentiments sont régulièrement et automatiquement interrogées, étudiés pour les rapprocher d’un « comportement optimal », pour répondre un objectif.
Par le processus de proprioception, qu’il confronte au feeback du chrono ou de l’entraineur il construit sa connaissance de soi. Pour un sportif, le corps est un « espace de sens » comme le qualifie dans son livre « Retrouver l’intelligence du corps », Eve Berger Grosjean (2), et ce, dans les 3 acceptation du terme « sens » :
Espace de sensation : perception de l’environnement et ses propres états
Espace d’orientation : orientation du corps, des choix, comportements…
Espace de signification : information qui enrichit la réflexion, voire ses représentation, pour les faire évoluer au besoin.
Ce processus de l’entrainement, cette connaissance du corps, participe au développement de sa performance et plus spécifiquement de son intelligence émotionnelle, associant corps et mental :
Capacité d’écoute du message corporel (les sensations physiques)
Capacité d’analyse de ce message,
Capacité d’optimisation de la réponse à apporter en fonction du message,
Capacité à redéfinir la réponse voire reparamétrer le mental si nécessaire.
Petit à petit, le sportif « se transforme » et progresse vers son objectif.
La boucle vertueuse se met ainsi en marche : à chaque itération, le sportif déploie son véritable potentiel.
En développant sa connaissance et son estime de soi, en articulant intelligence corporelle et intelligence cognitive, il construit sa confiance en soi, sa capacité à savoir qu’il dispose des ressources pour face face à une situation, à s’y adapter.
La rigidité : un défaut d’estime de soi
De ces observations quant à l’agilité que développe le sportif par sa pratique, on peut en déduire qu’un comportement de rigidité est la conséquence d’une faible estime de soi, et d’un manque de confiance en soi et sa capacité à faire face.
C’est un mécanisme de défense explique Will Schutz (1) dans son approche Elément humain®. Ainsi, il explique : si je ne me connais pas, je réduis mes possibilités de croire en ma capacité à faire face et m’adapter. e réduis aussi ma capacité me à sentir bien avec moi.
Par ailleurs, si je ne suis pas conscient.e de la profondeur de ce sentiment négatif à mon égard, alors mes actes, mes pensées, mes discours deviennent moi-même : ils ne sont pas uniquement ma contribution mais mon prolongement et mon être tout entier. Il devient donc essentiel pour moi de les maintenir pour ne pas prendre le risque de remettre en cause mon équilibre. Par exemple : si je me considère comme incompétent, alors, chaque idée que j’avancerai deviendra un test de ma compétence. Et si mon comportement est parasité par ma faible estime de moi, consciemment et surtout inconsciemment, je resterai dans ma rigidité (puisque ce qu’elle soutient est essentiel à mon équilibre).
Au sein d’une équipe, les rigidités viennent interférer avec un travail d’équipe optimal. A l’origine de conflits, de rejets, d’incompréhensions, elles ajoutent au stress individuel, un stress collectif.
Innovation managériale : entrainer l’agilité en développant la connaissance de soi
L’agilité est une compétence comportementale qui se muscle. Il est tout à fait possible de développer sa capacité d’adaptation. Ainsi, à chaque séance d’entrainement, un sportif entre dans l’inconnu ; à chaque séance, il est amené à élaborer des outils, des solutions pour répondre à la nouvelle contrainte physique, technique, mentale… Et à chaque nouvelle séance, il fait de ces changements des occasions de faire grandir son agilité, en conscience. Comme le fait un enfant, il a appris par un jeu de « test and learn » expérientiel (par le corps transmettant un message au mental, et non l’inverse) à développer ses capacités, sa posture, son comportement…à une nouvelle situation.
Accompagner la connaissance de soi des salariés, des leaders, managers des organisations, c’est leur offrir la possibilité de mieux faire face aux changements d’envergure que traversent les organisations. Et cet enjeu d’innovation managériale que constitue cet accompagnement repose tant sur l’approche (le fond) que sa méthode (la forme).
Comme apprend à le faire un sportif, il s’agit de redonner sa puissance à l’intelligence corporelle de sorte à ce qu’elle s’inscrive au même niveau que l’intelligence cognitive.
Ce faisant, l’entreprise répondra à son engagement social, impactant dans le même temps sa performance économique, pour développant une Performance éthique®.
(1) Will Schutz - L'élément Humain - Comprendre le lien entre estime de soi, confiance et performance - Editions : Interéditions - 2018
(2) Eve Berger-Grosjean - Retrouver l'Intelligence du corps - Une urgence dans nos organisations et nos modes de vie - Editions : Interéditions - 2020
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